Arrivée du cadet prodige.

Messages : 46 Date d'inscription : 28/11/2011 Localisation : Gien, hélas

Me voila, moi le beau, le fort, le formidable mais non moins tout jeune Lothar.

Fruit d'un amour sans bornes, je suis le digne héritier des Von Frayner. Six ans à peine, et déjà le caractère impitoyable qui sied à ma famille. Qu'on se le dise, jamais, l'on ne me marchera sur les pieds.-D'autant plus qu'ils sont encore méga fragile hein!-

Je suis donc là, en compagnie de ma nourrisse, Grivoise qu'elle se nomme, pour enfin prendre place dans le castel parental, et mieux encore, dans ma chambre qui devait certainement débordée de jouets, d'épées en bois et tout autres objets qui viendraient compléter ma panoplie du parfait petit Aiglons.

-Et donc, là, ben j'l'ai vu le monsieur, même qu'il disait à m'dame la perceptri-machin truc qu''elle avait d'beaux yeux...

C'est moi qui cause, je raconte à celle qui m'allaitait jadis comment un homme de mauvais gout avait eu l'idée de me soutirer la femme censé m'inculquer un minima d'éducation.

-Pis v'la qu'elle a rougie, comme un tomate rouge....Par ce que ca existe les tomates vertes aussi... Et qu'elle l'a embrassée!!! Et avec la langue...Eurk, c'est dégoulasse, on aurait cru le chien du curé quand il s' lèche le derrière...J'espère que l'monsieur fait pas pareil.

Pour le plus grand bonheur de Grivoise, qui ne savait plus comment retenir le hurlement euphorique qu'elle appelait son rire, les grilles du château familiale étaient visible. Au coche aux armes de Von-Frayner de ralentir pour enfin s'arrêter. Au conducteur de m'ouvrir la porte pour me porter et me poser au sol- c'est que bien que j'affirme être l'homme le plus costaud du monde, je reste plutôt chétif- et à moi, en petit chef incontesté de déclamer d'un air qui se veut noble à souhait au garde présent:

-Veuillez annoncer à mes parents qu'chui là. Et pis vous dites bien Lothar, votre fils préféré, le plus beau et l'unique, ils sauront qu'chui vraiment là...Par ce que je suis plus préféré que Lorenz, et c'est normal, chui plus mignon.

Et toc dans les dents du grand frère.

Maitre des Lieux Messages : 593 Date d'inscription : 16/08/2010

Deux cavaliers, revenant de mission. Deux cavaliers. Le premier est vêtu d’un large manteau, entouré d’une longue cape, un tricorne enfoncé sur la tête. Vicomte. Le second possède une lourde armure, et le suit fièrement, guettant les environs. Soldat. Partie depuis le matin, pour veiller à l’approvisionnement du grain, et à son stockage dans les greniers pour passer l’hiver à l‘abris de la faim, la petite troupe revenait de la campagne. Tout se passa bien, vite.

Ce ne fut que devant les grilles qu’ils furent ralentis. Par une agréable surprise. Une dame et un enfant s’agitant de tous les côtés attendaient visiblement devant la porte. Interpelé, le Vicomte s’approcha, et reconnu alors le visage de son fils cadet. Pour une surprise, c’était une surprise. Son arrivée n’était prévue que plus tard. Mais le Vicomte comprenait parfaitement que le petit ne puisse plus supporter la gueusaille qui l’hébergeait. Il sauta donc de son cheval, et attrapa fermement sa canne.

A mesure qu’il s’approchait, il se rendait compte à quel point le temps passait vite. Trop d‘années avaient passé d‘un coup. Si l’amour inconditionnel qu’il éprouvait pour son épouse le gardait vif et persévérant, devant le visage de ses enfants, il devait bien s’avouer qu’il vieillissait, lui aussi, aussi improbable cela puisse-t-il paraitre. Bref, le voilà désormais petit homme, petit bonhomme, le petit Lothar. C’est donc avec un sourire accroché au coin des lèvres qu’il répondit à l’exclamation du fils prodigue.

"Allons allons, mon fils. Calmez vous donc, et venez embrasser votre père."

Il se baissa alors pour lui ébouriffer les cheveux.

"J’espère que votre voyage s’est bien passé… Et que vous vous êtes bien tenu."

Ironie, bien sûr. Il fit un léger clin d’œil à la nourrice qui soupira aussitôt. La fatigue, marquée sur son visage en disait long. Le Vicomte en avait ravi. Tous les Von Frayner étaient des tornades. La mère. Le fils ainé. Le père. Tous. Il eut été étonné que son fils cadet déroge à cette règle intemporelle.

"Votre mère vous attend à la cuisine. La connaissant, je suis sûr qu'elle vous a préparé quelques gourmandises. Verre de lait. Tartines... elle mourrait d’impatience de vous revoir. Courrez vite la rejoindre."

Le petit Lothar était rentré. Et les choses allaient bien changé, au domaine. C’est du moins l’impression qu’il en avait.

Messages : 46 Date d'inscription : 28/11/2011 Localisation : Gien, hélas

Fier, je fixe les grilles avec zèle, dans l'espoir qu'elles s'ouvrent pour me laisser passage.
C'est que la route avait était longue, et ma nourrice, bien qu’extrêmement gentille, ne suffisait plus à satisfaire une curiosité naturelle et grandissante. Œil vif et langue bien pendue, elle était lasse, et moi aussi.

Mais ca, c'était sans compter sur le patriarche, mon père, ce héros, qui eut la formidable idée d'arriver par les terres.
Sursaut à cette voix d'homme, je ne cherche pas à cacher le sourire qui vient égayer mon visage, ou deux dents de laits manquent à l'appel.

-Père!!!!!

Oui, je suis content, et alors? Et pourquoi ne pas endormir sa vigilance par un mensonge avisé.

-Ben forcément que je me suis bien tenu, toujours, vous savez bien que MOI, contrairement à Lorenz, chui sage, et que MOI, et ben chui toujours gentil est calme.

Bon, c'était dur à avaler, mais ma petite moue espiègle suffisait à effacer un mensonge de cette proportion. De me jeter dans ses bras donc, pour apposer un baiser sur sa joue avant de plisser le nez, légèrement gêné.

-Je vous embrasse là, mais devant les gens faut pas, chui un homme, et les hommes ils ne s'embrassent pas, sauf si ils sont grecs, mais on est pas grec. Hein?

Et d'ajouter, car la vérité sort toujours de la bouche des enfants.

-Pis si vous voulez pas vous faire houspiller par maman, passez aux bains d'abord, vous sentez le cheval qui sent pas bon.

Et toc, me voila qui disparait à toute jambe dans l'espoir de retrouver ma mère.

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