Histoire de féminiser un peu les lieux...

Messages : 326 Date d'inscription : 27/12/2011

OUUUUUUUUUUUUUUVREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEZ !

Les tout petits poings tout rouges de la toute blonde Luisa martelaient la porte à une vitesse suffisamment grande pour que des yeux ordinaires ne puissent compter les coups. Son front, quant à lui, était posé contre le bois, et tout son corps exerçait une pression sur celui-ci, dans l'espoir que la porte s'ouvre d'elle-même suite à la supplication.

Constatant que rien ne bougeait là-bas derrière, la rage commença à prendre la place de la douleur de la petite demoiselle, qui redoubla d'efforts, choisissant alors de sauter sur place en criant.

OUVREZ-OUVREZ-OUVREZ-OUVREZ-OUVREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEZ !

Aïe aïe aïe...Tout ce bruit, tous ces efforts, toute cette énergie et toute cette souffrance pour un simple petit morceau blanc si naturel ayant décidé qu'il était temps de laisser la place à un plus fort que lui...
Et si, secrètement, cela ne faisait pas grand chose comme mal à la blondinette, au moins, elle avait une bonne raison de se faire consoler et chouchouter par ses parents, et d'accaparer tout le monde autour d'elle.

Et ça, c'est chouette !

Maitre des Lieux Messages : 821 Date d'inscription : 17/08/2010

D’un geste agacé, la maîtresse des lieux fit une nouvelle boule avec la missive qu’elle venait de recommencer pour la troisième fois et la lança dans la cheminée en soupirant. Quelqu’un dans cette maisonnée allait-il enfin se décider à aller faire cesser le boucan qui semblait provenir de la porte d’entrée et faire revenir le calme dont elle avait besoin pour terminer son courrier ?

OUVREZ-OUVREZ-OUVREZ-OUVREZ-OUVREEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEZ !

Ah non mais là, c’en était trop ! Elle se leva d’un bond, ignorant l’encrier qui se renversa, laissant son contenu se déverser sur les parchemins encore vierges et se rendit d’un pas décidé dans le couloir, puis descendit le grand escalier, promettant un châtiment exemplaire à toute la domesticité qui selon toute évidence avait décidé de tout mettre en œuvre pour se rendre absolument invisible !

D’un geste rageur, elle ouvrit la porte à la volée, prête à envoyer au diable le trublion qui venait déranger la sérénité qui régnait généralement dans ces lieux, sauf bien entendu quand ses fils décidaient de rejouer la grande guerre contre les Anglois dans le grand salon.

Non mais c’est pas bientôt fi… Sa voix s’étrangla et elle dut se retenir d’une main pour ne pas défaillir de surprise. Lu.. Luisa ? Mais pour l’amour du ciel, que fais-tu ici ? Question idiote s’il en était. Qu’importait le pourquoi ou le comment, sa petite merveille blonde était là, devant elle, rouge de colère et petits poings serrés, attendrissante à souhait. D’un ample geste, elle la souleva dans ses bras et tout en couvrant le petit visage de baisers, elle referma la porte d’un coup de pied, emportant la fillette en direction du bureau en courant à moitié.

Ludwig? Regardez qui est là!

Messages : 326 Date d'inscription : 27/12/2011

Après quelques minutes de martelage, la grande daigna enfin s'ouvrir...pour laisser venir à Luisa un début d'avertissement, bien heureusement évanoui grâce à la mignonitude irrésistible de la coupable.

Celle-ci se rua dans les bras de sa mère tout en commençant à sangloter. Fallait le dire, le bois contre deux petits poings, c'était plus dur que ce qu'on pouvait imaginer, mais tant mieux, plus vraie été la douleur, plus grandes seraient les consolations !
Prise de larmes, donc, la petite Luisa ne parvint pas à articuler ses explications, accusant un hoquet à chacune de ses tentatives, et se contenta de coller trois de ses doigts contre une de ses canines, la victime du problème central.

Douée comme elle était, elle parvint, en plus de pleurnicher et en plus de se tenir la dent, à se serrer dans les bras de sa mère. C'est que même, elle était bien contente de la revoir. En présence de celle-ci, elle se sentait moins perdue, et elle savait qu'elle avait à disposition tout le réconfort qu'elle pouvait avoir. Et puis, bien sûr, elle l'aimait fort !

Alors qu'elle parcourait les couloirs sans effort et bien confortablement dans les bras de sa mère, Luisa parvint à calmer ses pleurs pour ne laisser entendre plus que de réguliers gros reniflements, dans lesquels elle put enfin glisser quelques mots.

Re...Regardez ! Quelqu'un est ...*SNIIIIF* ... venu dans ma bouche... *SNIIIIF* ... pour .... *petit snif* ... pourmedécoudreladeeeeent !

Et elle surenchérit, bien sûr, avec de nouveaux sanglots, horrifiée par le sort dont elle était victime.

Maitre des Lieux Messages : 593 Date d'inscription : 16/08/2010

Avant, il n’y avait de place que pour les hommes, dans ce château. Un père tyrannique et autoritaire. Deux petits monstres survoltés. Trois mâles donc, trois caractères bien trempés face à une mère qui se trouvait bien souvent seule, pour imposer la vision et les projets du sexe faible. Mais tout cela, c’était avant. Avant que des cris et des pleurs ne perturbent la tranquillité des lieux, et ne l’obligent à relever la tête de ses parchemins. Avant que son épouse n’entre précipitamment dans son bureau, une petite blonde à la moue boudeuse, dans les bras.

Ludwig? Regardez qui est là!

"Oh tiens! Notre petite princesse!"

Une mine surprise et réjouie éclaira son visage. Après un long séjour chez sa nourrice, leur fille était de retour à Hayange. Toute la famille était de nouveau au complet. Sans attendre, il tendit ses bras et accueillit sa petite blonde contre lui. Il l’embrassa sur le front. Elle lui avait manqué.

"Eh bien, nous ne vous attendions plus ! Comment s’est déroulé votre voyage ? Votre nourrice a-t-elle été gentille avec vous ? Ne vous a-t-elle pas trop grondé ?"

Oui, à cet instant, il avait tout du père aimant. Mais il devait bien avouer qu’il ne résistait pas aux femmes. Surtout à ses « femmes » à lui. Que ce soit son épouse ou sa fille, elles étaient toutes deux ses petites choses, à lui. Ses petites merveilles. A tel point que bien des scènes de jalousie avaient pu éclater, les années précédentes, entre Luisa et ses frères. Il faut dire qu'il était beaucoup plus exigent avec ses fils.

Re...Regardez ! Quelqu'un est ... *SNIIIIF* ... venu dans ma bouche... *SNIIIIF* ... pour .... *petit snif* ... pourmedécoudreladeeeeent !

"Faites-moi voir un peu ?" Il se pencha pour regarder la bouche et les dents de sa fille. "Ah oui, une petite quenotte est tombée !
Oh mais ce n’est pas grave. Qui sait ? Peut être qu’une petite fée viendra vous déposer un cadeau, dans la nuit, lorsqu'elle prendra votre dent ?"

Il l’embrassa à nouveau, sur la joue, avant de la déposer au sol.

"Allez. Filez vite rejoindre vos frères ! Je suis sûr qu’ils vous attendent quelque part. Commencez par les écuries. Je crois les avoir aperçu là bas."

Le bonheur était là, bien réel. Mais pouvait-on parler véritablement de jour béni, pour les parents Von Frayner ? Rien n’était moins sûr. Car qui disait retour de Luisa disait aussi retour des bagarres entre frères et sœurs, retour des pleurnichements, des caprices, des chantages, des bouderies ; des vases qui cassent, des chaises qui tombent, des choux qui volent. L’éducation était une bataille de tous les jours. Et la bataille commençait dès maintenant.

Messages : 326 Date d'inscription : 27/12/2011

Oui, la petite Luisa avait tendance à ne pas tout entendre ce qu'on lui disait, ou plutôt, à ne pas l'écouter. Mais rien de volontaire là-dedans ! L'enfance est synonyme d'étourderie, de rêveries et de plongeons au plus profond de la réflexion...Quoique, peut-être pas pour tous. En tout cas, ça l'était pour elle !

Alors quand son père lui posa une petite multitude de questions en paquet, il va de soi que Luisa n'y répondit pas, obnubilée par le choc de la perte de sa dent.
Cependant, il fallait dire que si l'enfant a ses excuses, le parent a de son côté aussi des avantages, le premier étant d'être, justement, un parent. Et par définition, il acquiert des facultés sorties de nulle part pour, par exemple, faire disparaître en quelques mots un torrent de larmes, et le remplacer par des étoiles dans les yeux.

Ici, deux petits mots suffirent : fée, et cadeau.
Elle pensa alors à la "fée sans baguette magique" qu'elle avait rencontré récemment, une femme un peu bizarre, mal élevée et arrogante, mais elle était très gentille.
Puis une belle image vint s'ajouter au mot cadeau. Le flamboyant Bonénwel dont Luisa rêvait en permanence, depuis qu'elle avait croisé un quelconque homme le portant sur sa tête.

Elle releva lentement la tête vers son père, la bouche en "o" et les yeux pétillants à l'idée qu'une telle aventure lui arrive.
Incapable, à nouveau, de dire quoi que ce soit, elle se laissa déposer, et écouta à nouveau son père avant de lui attraper les jambes et de les lui serrer fort pour lui démontrer toute son affection, et par ailleurs, le plaisir de le revoir, lui aussi.

Et c'est avec un grand sourire aux lèvres qu'elle laissa ici ses parents pour courir aux écuries, comme l'on venait de le lui conseiller.

» [RP] Déclarations du Maitre et de la Maitresse des lieux